Comment allez-vous en ce printemps pluvieux, tout du moins en région parisienne ? Un temps qui favorise la lecture. Avez-vous fait de belles découvertes littéraires ?

De mon coté, une vie pas suffisament remplie d’écriture pour le moment. Je l’accepte malgré tout, certaine qu’elle enrichira mon prochain roman.

Si vous me suivez sur Facebook ou Instagram vous connaissez ma passion pour le Musée Albert Kahn, d’abord pour les jardins superbes que je sillonne depuis au moins 40 ans et aussi, pour le musée réouvert en 2022 dont les collections révèlent ce grand philanthrope et visionnaire que fut Albert Kahn. Les Archives de la Planète, collections de photographies et de films réalisés au début du XX^e siècle, consacrées à la diversité des peuples et des cultures y sont conservées.

L’équipe du musée a proposé l’exercice suivant : choisir une autochrome et, sur la thématique de « la petite histoire dans la grande Histoire », imaginer un court texte de maximum 2 200 caractères espaces comprises. Je me suis prêtée à l’exercice avec plaisir.

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Voici l’autochrome* que j’ai choisie sur le site du musée…

Ces voiles blanches m’ont hapée… Je les ai regardées longtemps, longtemps… puis l’histoire a surgi…

Petite histoire dans la grande Histoire

Un après-midi, ma grand-mère sortit d’une boite en carton, une photo et sa fiche associée, écrite à la main : Égypte, Bords du Nil à Louksor – Auguste LÉON, 1er janvier 1914.

Sur l’autochrome aux couleurs pâles j’aperçus un ballet de voiles blanches, la rive d’un fleuve, des mats, des embarcations sommaires, un bout de quai et trois marins à bord d’une felouque. Mon attention fut attirée par la posture gracieuse de celui qui s’appuyait au bastingage rudimentaire offrant son visage au soleil. Il portait une sorte de djellaba bleu foncé et un turban blanc.

Plongée dans les souvenirs de la photo qu’elle serrait entre ses doigts, ma grand-mère ne disait mot. Puis, levant la tête, elle me regarda en souriant et posa son index sur le marin :
— C’est moi, ma chérie.
— Toi, ma Granette ? Euh… Émilienne !
Les yeux un peu ailleurs, elle poursuivit :
— J’avais vingt-deux ans. J’attendais Auguste, mon fiancé, qui discutait à terre avec son ami archéologue et prenait quelques photos.
— Pourquoi étais-tu habillée comme cela ?
— Arrivés le matin par « Le Caire – Louxor Express » dans lequel nous avions réveillonné une bonne partie de la nuit, nous nous sommes vêtus comme les marins pour être à l’aise et ne pas abimer nos tenues à bord de la felouque. L’aventure, tu vois ! Nous avons visité la tombe d’un pharaon, dormi une nuit sous la tente dans la vallée des Rois… Et retrouvé, par hasard, un ami aviateur qui…

Un voile de tristesse effleura son visage.
Elle soupira lentement et reprit les yeux brillants :
— Le lever de soleil sur le Nil… Une telle beauté ! Quel bonheur !
Des ombres et des lumières traversaient son regard.
— L’année démarrait si bien ma chérie !
Elle s’adressait à moi, mais ne me voyait plus. Je n’osais l’interrompre.

Ma vie me sembla bien fade tout à coup…

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Si ce type d’exercice vous a plu, n’hésitez pas à me l’écrire.

Une nouvelle autochrome de la collection pourrait m’inspirer, à moins que vous préfériez m’adresser une photo autour de laquelle j’imaginerais une petite histoire…

D’ici là prenez soin de vous,

Avec plein d’amour,

Marie-Laure Voisard

*Autochrome : «  les frères Lumière inventent la photographie en couleurs. Déposée sous forme de brevet le 17 décembre 1903 mais dévoilée à l’Académie des Sciences le 30 mai 1904, la plaque Autochrome Lumière, inventée par Louis Lumière, est le premier procédé de photographie en couleur. »(Institut Lumière)